...alors, cette histoire de "Wrong Gallery", c'est du grand Cattelan.
En gros c’est une galerie d'art qui n'en est pas vraiment une : un espace plus petit que des chiottes qui est toujours fermée. Sur la porte on peut d’ailleurs lire
« Fuck off we’re closed ».
Maurizio Cattelan, c'est un peu le troll de l'art contemporain. Vous avez peut-être entendu parler de sa fameuse banane scotchée au mur, vendue à prix d'or ?
Il nous met face à l'absurdité du marché de l'art, où la valeur est parfois aussi éphémère qu'une banane qui noircit.
Pour revenir à la Wrong Gallery, c’est le comble de l'anti-accueil dans le monde oh combien ouvert et accessible de l'art contemporain. (/inserer clin d'oeil sarcastique/).
En fait c’est la matérialisation du monde de l’Art tellement fermé petit et exclusif, à tel point qu'il n'existe pas vraiment.
Une porte, un espace de deux mètres carrés derrière, et basta ! C'est un pied de nez magistral à toutes ces galeries qui se prennent pour le nombril du monde artistique, avec leurs vernissages où on s'empiffre de petits fours en discutant du néant existentialiste de l'œuvre d'un artiste inconnu au bataillon.
Et plot-twist: la "Wrong Gallery" a réussi à devenir un spot incontournable, une sorte de légende urbaine. Cattelan nous montre qu'avec un peu de dérision, on peut faire réfléchir le monde de l'art sur son propre nombrilisme.
...et puisqu'on est dans le mood à dégommer les sacro-saintes institutions de l'art, impossible de zapper le coup de maître de Cattelan avec l’'œuvre "Errotin, le vrai lapin".
Pour la mise en contexte : la galerie Perrotin c’est la galerie la plus huge de paname (en sachant que la France est elle-même dans le top 3 des plus gros acteurs du marché de l’Art dans le monde). Autant vous dire que Emmanuel Perrotin c’est pas n’importe qui. Considéré dans le milieu comme un genre de “grosse machine à brasser du fric”, la galerie est devenues une transnational qui tourne à plus de 34,5 Million de chiffre d’affaire annuel juste en France en 2018.
Pour en revenir à l’oeuvre de Cattelan, le concept est assez simple: Emmanuel Perrotin, transformé en lapin géant et rose par l'artiste. Un grand bonhomme du monde de l'art, avec ses petits airs de "je-sais-tout-sur-tout", réduit à un costume de lapin, mais pas n'importe lequel : un lapin phallique, rien que ça !
C'est le genre de blague qui te fait cracher ton café par le nez. Cattelan , avec ce coup d'éclat, nous rappelle que l'art n'a pas à se prendre trop au sérieux, et surtout pas ceux qui en font commerce. Il nous dit : "Regardez ces types, ils vendraient père et mère pour un peu de buzz, alors pourquoi pas leur dignité pour un peu d'art ?"
Parce que l'art, selon Cattelan, c'est avant tout une expérience, un dialogue entre l'œuvre et celui qui la regarde. Et dans ce dialogue, tout est permis, surtout l'humour, même le plus noir.