
Natacha Bird

Au premier regard ses créations nous invitent à la rêverie, un imaginaire rempli de fleurs et de douceur. Son habileté à déceler la beauté qui l’entoure lui prodigue un sens esthétique unique. Mais quand on lit entre les lignes, c’est le surréalisme et des métaphores engagées qui s’ouvrent sous nos yeux. Depuis plusieurs années, le travail de Natacha Bird s’attache à un motif en particulier : les fleurs. Allégories multiples et plurielles, elles habitent son esprit autant que ses créations. Des traits qu’elle trace avec son pinceau, elle dessine des fleurs auxquelles se mêlent des corps de femmes. Des femmes-fleurs. Les fleurs comme les corps dansent devant nos yeux jusqu’à se confondre. L’un dans l’autre, l’un avec l’autre. Ephémères, les fleurs requièrent l’attention de celles et ceux qui souhaitent en saisir la singulière beauté. Ses créations incarnent une vision de la féminité douce et puissante.
Ces personnages privés de traits distinctifs, d’identité, de genre, d’expression et dont le regard est toujours absent sont suspendus dans ce vide bleu. L’identité devient floue, éphémère, presque inexistante. Par moment, des mains surgissent comme une caresse, voilant doucement le visage, puis se multipliant, enserrant le corps dans une étreinte collective, un écrasement. Les personnages se trouvent confrontés à une intervention dont l’origine et le but demeurent flous, et qu’ils acceptent presque passivement, le transformant en objet de convoitise, d’emprise ou d’étreinte collective.
Entre Kafka et Huxley, il s’agit ici de capturer la tension entre abandon et lutte, entre l’individu et des forces extérieures, à la fois intangibles et envahissantes.


